Passer au contenu

Finaliste 2023, Payram

« Je développe un travail autour de la fragilité de ma condition d’exilé que je mets en parallèle avec la fragilité du médium argentique »


Payram

Dès 1988, Payram se fait un nom comme tireur grand format argentique noir et blanc avant d’être reconnu comme photographe. Hanté par son départ d’Iran, pays natal qu’il a dû fuir en 1983 à cause de la révolution islamique, son travail photographique est basé sur l’expérimentation et le « paradoxe de la lumière », comme il aime à le dire. Car pour la maîtriser, il faut être dans le noir : « Je développe un travail autour de la fragilité de ma condition d’exilé que je mets en parallèle avec la fragilité du médium argentique », explique-t-il. Cet Iran qu’il ne peut fouler, il l’explore donc comme par procuration. A travers une double sensibilité, celle de ses émotions tapies dans le temps et le lieu de son enfance, et celle, alchimique, qui révèle les images. Au fil des décennies, Payram a utilisé différents outils et techniques, aussi attentif au processus de la naissance des images à la prise de vue qu’à celui du tirage dans la chambre noire. Il a travaillé avec de nombreuses gammes de Polaroid, des pellicules usagées mais aussi à la chambre photographique quand, à partir de 2001, il sort de son studio pour voyager. D’abord en Syrie pendant dix ans au Polaroid Original 55, puis dans différents pays d’Asie centrale, en Azerbaïdjan ou en Ouzbékistan, sur les traces de Paul Nadar mais aussi et surtout au plus près de l’Iran. « J’ai repris le matériel testé par Paul Nadar à la fin des années 1890. Comme lui, je suis sorti de l’atelier, pour retourner, cette fois sur les ruines du soviétisme, dans les pays de la route de la soie, qui gravitent étrangement autour de l’Iran ». Il n’y a pas de hasard. De ce périple, il ramène des images au caractère documentaire affirmé, ce qui est inhabituel chez lui. Souvent en noir et blanc, les images de Payram ne se reconnaissent pas tant à leur esthétique – car elle est riche et variée – mais à leur âme.

par Sophie Bernard

Voir Biographie

    Depuis son départ d’Iran, en 1983, chassé par la révolution islamique, Payram (b. 1959) développe un travail photographique autour de la fragilité de sa condition d’exilé qu’il met en parallèle avec la fragilité du médium argentique. Il expérimente, tel un alchimiste, la transformation de la matière, la trace lumineuse.

    En 2011, il publie Syrie 55 (Editions Gang), bouleversant témoignage d’une Syrie en pleine mutation dont les sensations (ouïe, goût, toucher…) lui rappellent son Iran natal : Alep, Damas et Latakieh (savon, métal, pierre), photographiées entre 2000 et 2010 au Polaroïd 55, portent les traces du passé et d’une tradition, mais aussi les germes d’une fatale chute.

    En 2015, il participe au 7e Rendez-vous Photographique (Sète) ImageSingulières et au Festival itinéraires des photographes voyageurs à Bordeaux. En 2016, il bénéficie d’une exposition personnelle au Pôle photographie STIMULTANIA à Strasbourg et, en 2017, les Editions
    Le Bec en l’Air publient la monographie Il y a beaucoup de lumière ici, à l’occasion de son exposition personnelle à Paris Photo. En 2020, il participe à l’exposition Noir & Blanc : Une Esthétique De La Photographie au Grand Palais.

    En 2021, il publie Dialogue photographique sur les route de la soie (photographies de Paul Nadar et Payram, textes de Mathilde Falguière & Michel Poivert) aux Editions Le Bec en l’Air : cette série à la chambre, entamée à l’annonce de la fermeture des usines argentiques de Kodaak, emmène Payram du Tadjikistan (seul pays persanophone de la région), à l’Ouzbékistan, Kirghizistan et Turkmenistan.

    Son travail photographique est présent dans de nombreuses collections publiques (Musée Elysée Lausanne, Bibliothèque nationale de France, Macedonian Museum of Contemporary Art…) et privées (Collection Neuflize OBC, Collection JPMorgan…).

    Portfolio

    Fragile, Paris, France, 1994

    Fragile, Paris, France, 1994

    Deux ou trois choses que je sais d’elle, Paris, France, 1995 / 2021

    Printemps, Paris, France, 1992 / 1994

    Printemps, Paris, France, 1992 / 1994

    Sur les traces de Paul Nadar
    Azerbaïdjan, 2016

    Pierre, Latakia, Syrie, 2007

    Pierre, Latakia, Syrie, 2008

    galeriemaubert.com