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Finaliste 2023, Pierre de Vallombreuse

Chez ce photographe, le temps long prend une autre dimension.


Pierre de Vallombreuse

A 20 ans, Pierre de Vallombreuse veut devenir dessinateur, quelques années plus tard la photographie s’impose à lui quand il commence à voyager. Dès le départ, ce n’est pas tant l’itinérance ou devenir un simple témoin de passage qui l’intéresse. Non, il a soif de comprendre le mode de vie de ceux qu’il photographie en passant de longs séjours avec eux. Depuis 1986, son travail est essentiellement consacré aux peuples autochtones à l’échelle planétaire, sur les cinq continents. Chez ce photographe, le temps long prend une autre dimension. On en veut pour preuve son travail sur les Palawans vivant dans la jungle philippine qu’il poursuit depuis plus de 30 ans. « Là où je me suis senti renaître, la plus grande histoire de ma vie », explique-t-il. Car pour lui, plus qu’une profession la photographie est un mode de vie, une expérience. A la croisée de l’ethnologie, de l’humanisme au sens philosophique et de la démarche artistique, son travail s’apparente à une quête intérieure, inlassable. Il a été le secrétaire général de l’Association Anthropologie et Photographie (Université Paris VII) créée par Edgar Morin et Jean Malaurie. Les titres de ses séries en disent long sur sa vision de l’humanité : « Peuples » (1989-2005), « Hommes Racines » (2007-2012), « Souverains » (2015-2016). Son regard fait la part belle aux modes de vie, aux savoirs traditionnels, aux gestes quotidiens, aux liens de ces peuples avec la nature, sans oublier les paysages. Des témoignages en forme d’hommage à ceux que l’on pourrait considérer aujourd’hui comme les gardiens de notre humanité. Une vision précieuse à l’heure où l’on se sait à un tournant, menacés par le dérèglement climatique. Témoin, observateur, engagé, concerné, Pierre de Vallombreuse est tout cela à la fois, et bien plus, un explorateur dévoué.

par Sophie Bernard

Voir Biographie

    « Pierre de Vallombreuse s’est engagé, utilisant le témoignage photographique, pour l’existence et la survie de tous les peuples victimes historiquement des États nationaux et dont les civilisations sont victimes de notre civilisation. Il s’est découvert dans sa propre humanité en découvrant leur humanité. Dans ce combat, s’est révélé également le sens de sa vie ».
    Edgar Morin

    Né à Bayonne le 23 juillet 1962, iI ressent très tôt l’envie d’être un témoin de son temps au contact de Joseph Kessel, grand ami de ses parents.
    
En 1984, il rentre à l’École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs de Paris avec l’idée de faire une carrière de dessinateur de presse. Un voyage à Bornéo l’année suivante va bouleverser le cours de sa vie avec la rencontre des derniers nomades de la jungle : Les Punans.

    
D’artiste sédentaire, il devient alors un témoin nomade. La photographie sera son mode d’expression.
    Après Bornéo, il découvre aux Philippines, dans la jungle de l’île de Palawan, une vallée qui va structurer une très grande partie de son existence. Cela fait 34 ans qu’il raconte la vie de ses habitants, autrefois isolés, depuis longtemps exposés. Il a vécu avec eux plus de quatre ans, lors de 23 voyages, et continu à documenter son évolution. Une première partie de son travail sur les Palawan fut présentée aux Rencontres Internationales de la Photographie d’Arles en 1988, alors qu’il était toujours étudiant aux Arts Déco. Sa carrière était lancée. Il fut le secrétaire général de l’Association Anthropologie et Photographie (Université́ Paris VII) crée par Edgar Morin et Jean Malaurie. Depuis 1986, il témoigne inlassablement de la vie des peuples autochtones sur les cinq continents. Il a constitué́ un fond photographique unique, en constante évolution, de plus de 140 000 photos sur 42 peuples, rendant ainsi hommage à la précieuse diversité́ du monde.

    La lecture du livre « Tristes Tropiques » éclaire sa trajectoire. Comme le dit Claude Lévi-Strauss chaque peuple souligne la multiplicité́ des réponses aux conditions de vie imposées par la nature et l’histoire.
    Comme l’anthropologue, Pierre de Vallombreuse nous fait découvrir la réalité complexe de leurs modes de vie et défend le respect et la juste représentation de ces populations fragilisées, dont l’héritage nous est vital, loin de la représentation exotique auxquels ils sont trop souvent réduit. Ces populations sont trop souvent les premières victimes de génocides, de guerres, d’idéologies racistes, de prédations économiques, de pénuries alimentaires, de désastres écologiques et de « l’intégration désintégrant » dont parle Edgar Morin dans la préface de son livre « Peuples ». Autant de questions cruciales qui, loin d’être cantonnées à ces territoires plus ou moins reculés, concernent notre humanité́. La réalité́ qu’il nous montre à travers la photographie n’est pas exotique mais celle de leur combat pour survivre.

    Portfolio

    Chiapas, Mexique, 1998

    Chiapas, Mexique,1998

    Peuple Yi, Sichuan, Chine. 1999

    Peuple Maya – Chiapas, Mexique, 1998

    Territoire de Jariah Jarkand, Inde, 2007
    Irian Jaya , province de papouasie occupée par l’Indonésie. 1997.

    Peuple Badjao. Borneo. Etat de Sabah, Malaisie.2016

    un jeune garcon joue

    Peuple Basque, Bilbao

    La Vallée. Île de Palawan.Philippine 1994

    pierredevallombreuse.com