« Raconter des histoires en photographie a toujours été mon obsession »
Raconter des histoires en photographie a toujours été mon obsession », explique Jean-Claude Delalande, passé maître dans l’art de la mise en scène et de l’autoportrait. Savamment élaborée tel un tableau, chacune de ses images est comme l’épisode d’une saga racontant “une vie”. Là ou d’autres photographes s’inventeraient des aventures extraordinaires, lui se délecte dans la banalité du quotidien : ‘Jean-Claude avec sa femme au bord de la mer’, ‘Jean-Claude à la maternité’, ‘Jean-Claude sur un parking de supermarché’… Avec cet ensemble intitulé « Quotidien », il semble vouer fidélité à sa propre existence. Car parallèlement à sa pratique photographique qu’il poursuit depuis près de trente ans, patiemment construite année après année, il a travaillé dans une compagnie d’assurance. Pas un sourire ne s’échappe de ses lèvres. Il est là, à la fois acteur, témoin et intrus des scènes qu’il invente. Comme dans le jeu des sept erreurs, des “anomalies“ semblent se glisser de temps en temps dans les images, sur le registre de l’humour et de l’ironie. Cette série « Quotidien », il l’a accomplie conjointement à bien d’autres, comme « Journal intime », un homme qui n’a d’autre ami que lui-même, ou encore « Tentatives », un homme qui rate toutes ses tentatives de suicide. Dans la plupart de ses images, Jean-Claude Delalande fixe l’objectif et nous toise, comme pour nous interpeler. Car c’est aussi de nous dont il parle, rejouant à sa manière – sophistiquée – les rites de la photographie amateur. Du particulier à l’universel, il n’y a qu’un pas… Ainsi, il met sur le premier plan la capacité du médium à raconter le temps qui passe et à garder la trace et le souvenir.
par Sophie Bernard
Voir Biographie