« Si son esthétique n’est pas à proprement parler humaniste, assurément son intention et son point de vue sont guidés par l’humain qu’il place au-dessus de tout. »
Si dans toute photographie il y a quelque chose à voir, dans celles de Tomasz Tomaszewski il y a bien plus encore. Pour lui, les bonnes photographies sont celles qui font réfléchir. Les siennes interpellent d’abord par leur style et leur composition, notamment son noir et blanc métallique. Elles sont insaisissables au premier regard mais attirent l’attention ou plutôt la retiennent, immanquablement. Elles demandent du temps et nécessitent d’être scrutées pour en comprendre le contenu. Et, enfin, accéder à la contemplation pour en apprécier toute la profondeur.
Pourtant, Tomasz Tomaszewski ne fait que saisir le réel. Photojournaliste depuis les années 1976 – il a notamment couvert la Pologne de Solidarność –, il a fait le tour de la planète et ses images ont été publiées dans le monde entier : National Geographic, Stern, Paris Match, Time, Fortune, Vogue, etc.
Ses règles d’or ? « Passer du temps sur les sujets, ne pas regarder les gens comme des objets mais comme des sujets, être capable de se sentir désolé pour eux ». Si son esthétique n’est pas à proprement parler humaniste, assurément son intention et son point de vue sont guidés par l’humain qu’il place au-dessus de tout. « Je ne suis pas à la recherche de la vérité car l’objectivité n’existe pas. Ce qui compte, c’est d’être motivé, honnête, sincère et engagé ». Qu’il couvre le festival Burning Man aux Etats-Unis, des rites religieux aux Philippines, des danseurs dans un night-club à la Nouvelle Orléans ou un enterrement en Pologne, il donne à voir la complexité de la réalité grâce à son style acéré. Mieux : il représente l’invisible en intégrant les dimensions émotionnelles et spirituelles.
Comme il le dit lui-même : « La photographie est un formidable outil de connaissance du monde et le meilleur pour découvrir qui je suis moi-même ».
Sophie Bernard
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